Se séparer, ce n'est pas quitter quelqu'un, c'est se quitter tous les deux. [Sacha Guitry]
15h43. J’avais oublié. L’agitation, les pas feutrés, l’effacement, le silence des préparatifs. Derniers coups d’yeux, la glissière du sac qui m’hurle dans les oreilles.
15h46. Mes bras fermement attachés autour de ton corps, ma tête dans ton buste, ton nez dans mes cheveux. Ne pas bouger. Ne pas briser l’instant. Tu es encore là. Si on ne bouge pas, cette seconde durera une éternité.
15h51. Un tour de clé et le jeu dans mes mains. Ne pars pas.
15h54.Ta bouche contre mes lèvres. Ton goût au bout de ma langue. Mes mains qui enserrent fortement tes doigts. Je ne veux-peux pas te lâcher.
15h58. En chemise, sans culotte, je cours, pieds nus, dans les couloirs à la recherche de ta bouche, de ton corps. Tout est trop rapide. Les minutes s’accélèrent, le temps est contre nous.
16h03. Tu es parti. Je suis seule. Sans toi. Sans nous. Quel est donc ce vide sous mes pieds, sous mes doigts ?
J’avais oublié.
Le temps des séparations. Les au-revoir sur les pas de portes, les baisers humides, la solitude des portes refermées.
J’avais oublié. Oublié que vivre sans toi c’est beaucoup moins drôle. Beaucoup, beaucoup moins.