C'était le 22 août 2010
Une année compte 365 jours, 8760 heures, 12 614 400 minutes et un nombre impossible à lire de secondes. C’était il y a un an. Un an dans quelques heures. Bientôt 8760 heures et soixante fois plus de minutes que tu t’es mis en tête de, non pas me rafistoler le cœur, mais de le recoller, le recoudre, le remettre en marche. Sans plus aucune fissure. Il te reste encore du travail, évidemment. Mais tu es sur la bonne voie. 12 614 000 minutes de travail derrière toi et tu n’arrête pas. Tu ne flanches pas.
Pourtant il s’en est passé des choses en un an. Nous avons vécu séparés, je suis souvent partie à reculons le sourire aux lèvres, je t’ai souvent claqué la porte au nez, j’ai abîmé ta voiture, cassé ton canapé, participé à l’inondation de ta cuisine, je t’ai imposé des gens que tu ne connaissais pas, imposé de venir me chercher au fin fond de la cambrousse héraultaise à une heure défiant toute morale et dans un état d’ivresse bien avancé. Je t’ai souvent blessé, piqué au vif, obligé à monter la barre plus haute encore. Et malgré tout tu es là. Tu n’as pas bougé.
Et malgré tout ça je suis tombée amoureuse. Ca a été compliqué. Il m’en a fallu du temps. Longtemps tu as été l’amoureux solitaire. Longtemps tu es resté au pied de la montagne sans pouvoir l’escalader. Aujourd’hui je suis amoureuse de toi et tu sais que rien n’est gagné. Le bonheur n’est pas acquis, rien n’est jamais certain dans la vie. Alors tu avances, main dans la mienne avec une épée de Damoclès sur la tête. Tu t’en fiches de l’épée tant que ta main sert fort la mienne et que tes lèvres viennent se poser dans le creux de mon cou.
Et je ris quand j’entends dire que je ne suis pas heureuse. Que je me persuade du bonheur. Tout ça parce que mes activités passées ne tiennent plus autant de place dans ma vie. Je n’ai rien à prouver à personne. Et au contraire, si je passe moins de temps derrière l’écran, si je suis plus présente dans la vraie vie, c’est que je vis. Je vis la vie de tous les jours. J’y mets toujours autant de couleurs, j’ai toujours envie de danser sous la pluie, mettre une robe violette avec des collants rouges et ranger tout mon bazar dans mon grand sac vert. Je n’ai pas changé sur ces points là. Et même si ça fait mal de se l’entendre dire, je connais la vérité et c’est le plus important.
La vérité c’est que je suis toujours la même, à la différence que je suis amoureuse d’un homme qui m’aime lui aussi.